Un marché de l’affacturage en plein boom

Avec plus de 225 milliards de créances cédées en 2014, l’affacturage enregistre de fortes croissances. Pour 2015, les perspectives restent très bonnes, compte tenu de la politique des banques, et de la baisse des marges.

Une croissance à près de 10 % ? Cela fait rêver. C’est pourtant le taux affiché ces dernières années par le marché de l’affacturage, qui a même atteint 13 % en 2014, avec un total de 226,6 milliards d’euros de créances achetées au cours de l’année 2014. Au premier trimestre 2015, on frôle encore les 10 % de croissance. Et ce, malgré une croissance économique générale plutôt… molle.

Aux premiers rangs du secteur ? On trouve surtout des filiales de banques. BNP Paribas Factor, le leader du marché français de l’affacturage, avec une part de marché de 18,1 % fin 2014, a ainsi progressé 13 % en 2014. Son chiffre d’affaires a atteint 41,1 milliards d’euros. A la seconde position, la filiale spécialisée du groupe Crédit Agricole, Credit Agricole Leasing & Factoring (Eurofactor), qui affichait fin 2014 une part de marché de 17,6 % (18,3 % sur les opérations franco-françaises), avec 39,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires facturé. Au troisième rang, CGA (Compagnie Générale d’Affacturage), filiale du groupe Société Générale, qui a vu ses volumes progresser de plus de 40 % en 2014, et affiche un volume de créances cédées de 34 milliards d’euros. Vient ensuite la filiale du groupe BPCE (Banques Populaires et Caisses d’Epargne), Natixis Factor, qui intervient sous les marques Banque Populaire Factorem et Caisse d’Epargne Facturea. Elle revendiquait pour 2013 14,9 % de part de marché et 29,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires acheté (soit 9 millions de factures gérées). Il faut donc attendre la cinquième position pour trouver le premier acteur non bancaire : GE capital. Mais les incertitudes actuelles quant au sort de la filiale financière du géant américain ont bien évidemment limité son développement en début d’année. Surfant sur le digital, quelques nouveaux acteurs cherchent également leur place sur le marché, à l’image de Finexkap .

Des réticences de moins en moins fortes

C’est que l’affacturage semble avoir encore de beaux jours devant lui. « Aujourd’hui, les banquiers ont des contraintes de plus en plus importantes. Chaque ligne de crédit pèse sur leur allocation d’actifs, bien davantage que lorsque leurs filiales spécialisées refinancent des créances, et en particulier quand celles-ci sont garanties à travers une assurance-crédit. Cela coûte beaucoup moins cher en fonds propres de financer des créances clients à travers l’affacturage, que de financer directement l’entreprise… », indique Matthieu Arnoux, responsable grands comptes chez le spécialiste du conseil en financement AU Group.

Côté clients, les réticences sont également de moins en moins fortes« La plupart des entreprises ont réellement compris aujourd’hui l’intérêt de cet outil : c’est une solution de financement qui s’offre à tous, pas seulement aux entreprises en retournement. Le poste client vaut de l’or. C’est une donnée intangible », ajoute Matthieu Arnoux. Il faut dire aussi que, depuis 5 ou 6 ans, les marges pratiquées par les professionnels ont beaucoup baissé – tant au niveau des commissions de service que des commissions de financement. Ce qui rend l’outil plus abordable.

 

Comment traiter l’affacturage inversé en normes IFRS ?

Beaucoup d’entreprises – même de taille moyenne – s’intéressent actuellement à un type d’affacturage particulier, l’affacturage inversé (ou « reverse factoring »), où la cession de créances commerciales est organisée non pas par le fournisseur (affacturage classique), mais par le client, débiteur des créances. Ce qui n’est pas toujours évident d’un point de vue opérationnel : « Comment faire adhérer tous les fournisseurs ciblés dans le programme de supply chain, et sous quel délai ? », .

Par ailleurs, le traitement comptable de l’affacturage inversé n’est pas toujours évident : les « dettes fournisseurs » peuvent dans certains cas se voir requalifiées en « dettes bancaires »… « Il n’existe pas de réponse standard à cette question », juge un expert-comptable. Tout dépendrait des termes précis des contrats. « Le maintien au bilan en dettes fournisseurs est possible uniquement s’il est démontré que la substance et les caractéristiques de la dette ne sont pas modifiées. C’est possible si les dettes considérées font partie du BFR normatif du client, indépendamment de l’existence de l’opération », indiquait ainsi PwC dans sa note « IFRS – Hot topics pour l’arrêté des comptes 2014 ».